Flex office : source de bien-être ou cadeau empoisonné ?
Article Welcome to the jungle du 18 septembre 2020 On le retrouve autant sur sa chaise de bureau, qu’à la terrasse d’un café ou sur son canapé… Qui est-ce ? Le salarié moderne ! Accompagné de son fidèle ordinateur et de son smartphone, c’est un nomade qui change d’espace de travail comme la reine d’Angleterre change de chapeau. On dit qu’il travaille en “flex office”, ou littéralement “bureau flexible” en français. Dans son entreprise, pas de poste de travail attitré, les bureaux sont partagés, chacun va-et-vient comme il le souhaite et s’installe où il le désire, si tant est que la place désirée ne soit pas occupée. Ce mode de travail fait son petit bonhomme de chemin dans les entreprises françaises depuis le début des années 2010. Lentement, mais sûrement. Selon une étude Parella/Esquisse, 22,5% des entreprises franciliennes du tertiaire l’avaient mis en place en 2018. Mais, aujourd’hui, avec la pandémie de Covid-19, son adoption est envisagée plus largement, notamment par certains grands groupes comme moyen de diminuer les risques de propagation du virus mais aussi, et surtout, de faire des économies conséquentes sur leurs dépenses immobilières… Mais comment le vivent les salariés ? Décryptage. Le flex office, qu’est-ce que c’est ? Le flex office est l’absence d’attribution d’un poste de travail précis à un salarié. Celui-ci peut ainsi travailler depuis l’espace le plus adapté à sa mission : un bureau libre dans sa propre entreprise, un espace de réunion, une salle de coworking, un café, de chez lui, etc. La notion est à distinguer du desk sharing, phénomène qui induit que les salariés n’ont plus de bureaux attribués au sein même de l’entreprise. Fini l’open-space “poulailler” et le grand bureau du chef au fond du couloir, donc.D’après Claire Riondel, Directrice de la communication chez BAP – un groupe qui réinvente le travail et crée des espaces de coworking -, cette tendance est née d’un triple constat : Entre les missions hors des bureaux, les vacances, les RTT, les arrêts maladies… les bureaux ont de l’espace inutilisé, et pour une entreprise chaque mètre carré a un coût. Surtout en temps de crise. D’ailleurs, la Société Générale serait sur le point d’abandonner un immeuble entier dans le quartier de la Défense grâce au flex office. La révolution digitale permet à chacun d’accéder à ses outils de travail partout et à toute heure. Les salariés sont de plus en plus attachés au confort de travail. Ils cherchent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et veulent s’extraire des contraintes des horaires et des trajets domicile-travail interminables. De quoi remettre en cause les codes de l’aménagement traditionnel : « Nous pensons que c’est la fin du bureau en tant qu’espace physique. Les mètres carrés qui étaient dédiés à des usages classiques auront de nouvelles fonctions : l’humanisation, la collaboration et la créativité. Le bureau va se décentraliser et les salariés se retrouveront dans des lieux éphémères qui seront le socle de l’expérience de travail de demain. » explique Florian Delifer, CEO d’OfficeRiders(un market place de réservation d’espaces de travail, ndlr). Flex office : le pour et le contre Les « pour » Être plus productif et créatif. L’autonomie du flex office permet de s’installer dans l’endroit le plus adapté à la tâche du moment. Manon, consultante chez Lecko, alterne ainsi entre différents espaces : « J’aime organiser mes rendez-vous professionnels dans un café où je suis plus détendue et créative. En revanche, si j’ai un travail complexe à faire, je reste chez moi où je suis beaucoup plus concentrée. Au bureau, je prends du temps pour échanger avec mes collègues et avancer sur nos projets. » Réduire le temps de transport. D’après une étude de l’institut de l’aménagement et de l’urbanisme, le temps de transport moyen en région parisienne pour se rendre et rentrer du travail est en moyenne de 1h24… C’est très long ! Surtout quand on sait, d’après le baromètre Paris Workplace 2018 de l’Ifop, que l’envie de quitter son entreprise augmente à mesure que son trajet s’allonge. Casser la routine. Chiguecky, consultante chez Lecko, valorise la liberté et l’autonomie que permet le flex office : « Je ne m’installe pas deux jours de suite au même endroit, cela change le rythme de ma semaine et rompt la routine qui pourrait s’installer. Et c’est surtout l’occasion de discuter avec des personnes différentes chaque jour. » Nouer des liens. En travaillant à l’extérieur, il est possible de rencontrer et s’enrichir de personnes de secteurs différents. Mais en s’asseyant à différents postes de travail, on peut aussi mieux comprendre les différents métiers de sa propre entreprise : « Qu’un développeur et un commercial travaillent l’un à côté de l’autre est une réelle valeur ajoutée. Chacun apprend de l’autre. », explique Florian Delifer. Le décloisonnement de l’esprit accompagne celui des espaces de travail.Start-up et grands groupes rivalisent d’imagination pour inventer des lieux qui facilitent la collaboration, la productivité et la créativité. Le flex office, c’est avant tout plus de liberté, plus d’autonomie… et un nouveau mode de management basé sur la confiance plutôt que sur le contrôle. Une révolution dans la révolution. Plus de propreté et d’hygiène. Fini les piles de dossiers qui s’entassent, les restes de déjeuner sur le pouce de la veille et les mouchoirs usagés laissés sur un coin de bureau ! Les postes de travail n’étant pas attitrés, les employés en flex office doivent impérativement les nettoyer après leur passage pour que la prochaine personne qui s’y installe se sente à l’aise. C’est la règle. Un argument de poids en faveur du flex office en période de pandémie. Les « contre » Nécessité d’être très organisé. Vérifier les horaires d’ouverture d’un espace de coworking, appeler pour s’assurer que le Wi-Fi du café fonctionne correctement, pester en se rendant compte que les seules places restantes du bureau sont à côté du radiateur cassé… le quotidien lorsqu’on n’a pas de bureau attitré. Un bureau impersonnel. Oubliez la photo de mamie au coin du bureau ou le pot à crayon…
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